Jean-Louis PITON était plutôt destiné à une carrière dans le droit, mais la rencontre avec sa future femme, dans le Luberon près d’Apt lui a fait découvrir le monde de l’agriculture et de la viticulture en particulier. « Ce fut une révélation et une passion immédiate pour les métiers de la terre et du vin bien sûr ».
Un voisin vigneron l’a beaucoup inspiré (Luc Pinatel – Château de l’Isolette) et lui a beaucoup apporté dans la façon de mener son exploitation et de faire du bon vin.
Il a eu rapidement le besoin de prendre des responsabilités dans la cave coopérative Sylla d’Apt et en a finalement été le Président pendant 25 ans. « Mon besoin d’investir dans le collectif a toujours été très important ».
En 2000, il devient Président de l’union des caves Marrenon qui regroupe actuellement 7 caves coopératives et plus de 400 coopérateurs. Un gros travail l’attendait pour changer les pratiques et viser la qualité sur du long terme. Le changement s’opère également sur la politique commerciale : d’une commercialisation quasi exclusive en Grande Distribution il a fallu passer à des circuits traditionnels. 60% circuits traditionnels / 40% Grande Distribution.
« Bref un gros travail de fond pour obtenir une gamme complète, plus qualitative en montrant que le système coopératif peut être performant et constructeur de valeur ».
En 2017 il accède pour un mandat de 5 ans à la présidence de l’INAO qui le rapproche du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Il est chargé de superviser qualité et origine des produits dans toutes les filières : vin, fromage, viande, fruits et légumes…
Quel est l’impact de la crise sur le secteur viticole et comment vous projetez-vous ?
Le secteur du vin a été très impacté. La fermeture des CHR (cafés-hôtels-restaurants) a été vécu comme une catastrophe, voir une punition. Ce sont pour nous des lieux d’expression des marques, qui contribuent à la notoriété des vins.
Les habitudes de consommation du vin ont complètement changé pendant cette crise sanitaire. Le vin s’est vendu essentiellement en Grande Distribution et un peu chez les cavistes et ce sont des vins d’entrée de gammes peu chers qu’ont choisi les consommateurs. La peur du lendemain et le besoin d’économiser en sont probablement à l’origine, certains consommateurs ont peut-être vécus sur leur stock… Comme tous les acteurs de la filière, la cave de Marrenon est impactée et nous avons noté par exemple une baisse de Chiffre d’Affaires de -33% en Avril dernier. Mais ce n’est rien par rapport à d’autres secteurs comme la Champagne qui enregistre des baisses de 70% !
Je pense que le redémarrage va être compliqué. En sortie de crise nous allons passer par une phase d’inventaire des ressources et des risques. Nous allons notamment faire appel au Prêt Garantie par l’Etat (PGE) pour compenser les problèmes de trésorerie et de stock.
Je pense et espère qu’il nous faudra entre 12 et 18 mois pour retrouver une situation normale.
Pouvez-vous exprimer quels sont vos motivations à être parrain d’une école comme l’Isema ?
J’ai une relation particulière avec l’Isema et un vrai coup de cœur pour la formation « Décideur Demain » qui a été proposée par l’Isema en 2016 à 10 adhérents vignerons de la cave de Marrenon.
Une formation
« sur-mesure » dont l’objectif était de former à la stratégie
collective de la coopérative, leur faire acquérir une conscience
entrepreneuriale et une culture managériale. C’est en quelque sorte une
pépinière de futurs dirigeants qui a été créée. Ces vignerons sont en effet destinés
à prendre à terme les reines du groupe.
C’est un vrai climat de confiance qui
s’est installé avec l’Isema dû à la qualité de la formation et des équipes.
Il est important de donner une vision entrepreneuriale à cette jeune génération qui n’a pas froid aux yeux et qui est enclin à la création de projets et d’entreprise. Ce sont les décideurs de demain et une génération prometteuse ! C’est pour cela que j’ai choisi d’être parrain en septembre 2019 à l’Isema, pour être proche des futurs jeunes décideurs et faire partager mon expérience.