Entretien avec Christine Rey, en charge des relations entreprises au sein de l’ISEMA, pour témoigner sur la collaboration de l’école avec les professionnels.
Depuis combien de temps faites-vous partie de l’équipe ?
Je suis à l’Isema depuis 16 ans. J’ai occupé différents postes : j’ai débuté sur des missions de communication et de recrutement des étudiants, et je suis en charge aujourd’hui de la formation continue et des relations entreprises.
Quelle est la plus grande richesse de votre travail ?
Toute la partie relation avec l’éco-système de manière générale : les professionnels, les partenaires et les étudiants. Toutes ces relations sont différentes et se complètent, c’est d’une grande richesse.
Quelle est l’approche de l’école ?
La spécificité de l’école est en premier lieu la professionnalisation. Dès 1995, donc 5 ans après la création de l’école, une section en apprentissage a été mise en place. L’Isema a été précurseur dans le développement d’offres d’alternance à ce niveau d’études, car à l’époque l’apprentissage était très peu proposé dans l’enseignement supérieur. La volonté de proximité avec le monde professionnel était déjà très marquée. L’autre spécificité est la double compétence commerciale et technique-connaissance produit.
Pourquoi les professionnels y ont une place importante ?
L’Isema a été créée PAR et POUR les professionnels. Ils ont participé à la création de l’école, ils sont présents dans tout le cycle de vie d’une promotion depuis le recrutement de l’étudiant jusqu’à sa sortie et son placement. Les professionnels tiennent une place importante : ils interviennent pour des témoignages, des focus sur certains métiers, une approche particulière… Ils viennent évaluer certaines démarches pédagogiques des étudiants, comme le Grand Jury.
Ils participent également à des mises en situation comme des simulations de vente lors de négociations, les professionnels jouant parfois eux-mêmes le rôle d’acheteur ou de vendeur.
Par ailleurs, les enseignements sont complétés par des visites d’entreprises régulières qui permettent aux élèves d’aller sur le terrain et d’échanger directement avec des interlocuteurs de différents services d’entreprises.
Enfin, nous sommes proches des professionnels car ils embauchent nos alternants, nos stagiaires et nos diplômés.
Cette proximité nous permet également de faire évoluer les contenus de la formation, nous sommes en effet en veille constante sur les besoins et l’évolution du marché, et adaptons les contenus pédagogiques en fonction de cette réalité. Ceci nous permet d’afficher un taux de placement à la sortie de l’Isema dont nous sommes fiers car il avoisine les 100% ! L’Isema intervient également dans la formation des salariés d’entreprise ce qui là encore nous permet de répondre au plus près de leurs besoins.
Retour en images sur la première édition du Village des anciens, les anciens étudiants de l’ISEMA témoignent.
Qui sont les professionnels qui gravitent autour de l’ISEMA ?
Ils proviennent de la filière alimentaire de manière très générale (amont/aval), du commerce de gros, du secteur de l’environnement et des entreprises du vivant, de la distribution, et des métiers transverses ou complémentaires (secteur bancaire, agrofournitures, secteur agricole…).
Le parrain/la marraine de promotion, quel est son rôle ? Comment est-il/elle choisi.e ?
Son rôle est de constituer un repère pour nos étudiants. Il. elle est présent.e dès la journée de rentrée et tout au long de l’année. Les étudiants peuvent le.la solliciter en terme de conseil, d’opportunité à saisir… Il s’établit une relation de proximité privilégiée. Il.elle représente l’Isema dans les manifestations et temps forts de l’année, fait bénéficier les étudiants de son expérience.
Il.elle est choisie au fil de nos rencontres, peut représenter un secteur que l’on souhaite mettre en avant (sur des métiers parfois plus en tension) en fonction des thématiques et des besoins identifiés pour nos étudiants. Cette personne peut être issue du tissu économique local, ou venir d’une entreprise à rayonnement national voire international. Nous essayons de proposer un éventail le plus large possible d’une année à l’autre.
Nous faisons en sorte d’avoir une représentation de parité, car le secteur de l’agro-alimentaire et de l’innovation a la réputation d’être très masculin, alors qu’il a beaucoup évolué sur ce plan-là. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de profils féminins au sein des élèves de l’Isema, c’est un signe de représentation féminine dans nos métiers.
Comment les professionnels interviennent-ils ? Est-ce au sein de l’école uniquement ? Dans une logique de partenariat ?
Il y a des partenariats engagés avec certaines entreprises du commerce inter entreprises (BToB) comme Transgourmet, Pomona, Creno, Canavese, etc., du secteur de la Distribution comme Auchan, par exemple qui est un partenaire historique etc. Nous travaillons également en proximité avec les fédérations professionnelles comme la FRIAA (Fédération Régionale des Industries Alimentaires), l’UNCGFL au niveau de la filière Fruits et Légumes, la CGI (Confédération du Commerce de Gros) etc.
Tous ces partenaires embauchent régulièrement des alternants, des stagiaires, diffusent leurs offres d’emploi et interviennent au sein de l’école etc. Ils trouvent dans notre école un véritable vivier de compétences et de talents en devenir.
L’école n’existerait pas sans la proximité avec les professionnels !
A l’occasion des afterworks de l’Isema, les professionnels partagent leur expertise au sein de l’école.
Recherchez-vous des profils d’entreprises particuliers ? PME, groupe, présence locale, nationale, internationale ?
Nous tenons à collaborer avec un large panel de profils d’entreprises, représentatif du marché. La réalité du secteur agro-alimentaire : 98 % sont des petites et moyennes entreprises de moins de 250 salariés, elles sont d’ailleurs très dynamiques.
Nous avons donc une volonté de fournir en compétences les entreprises locales, nationales et internationales et les aider à évoluer sur un marché très concurrentiel. Nous pouvons travailler aussi bien avec des grands groupes comme Coca-Cola et McCormick qu’avec une entreprise de 2 salariés ou une start-up.
Zoom sur le Grand Jury
Quelle est la place/l’importance des professionnels dans cet exercice pédagogique ?
Ils interviennent à plusieurs niveaux. Les étudiants se font accompagner de professionnels dans le cadre de leur développement de produits. Ce sont eux qui vont chercher les professionnels en direct, il s’agit d’une démarche d’étudiants qui doit être volontaire et autonome.
L’Isema mène également une démarche vis-à-vis d’entreprises qui souhaitent développer un produit et qui peuvent confier leur projet à des étudiants dans le cadre du Grand Jury. L’année dernière par exemple, la Confiserie du Roy René a confié à nos étudiants un projet de développement d’un nouveau calisson.
Enfin, les professionnels sont invités à jouer le rôle de jury et élire les équipes gagnantes. Il s’agit d’un jury ayant une expertise permettant d’évaluer l’intérêt du produit, la cohérence du projet par rapport au marché, le business plan, le goût, la capacité à convaincre, la théâtralisation sur les stands (la manière de vendre et présenter le produit), le packaging (adapté au bon produit, au bon circuit de distribution, prenant en compte la dimension éco-conception…). Tous les volets sont évalués dans cette démarche.
Combien de professionnels participent à la démarche ? A la présentation le jour J ?
8 à 9 groupes d’étudiants de dernière année travaillent chacun avec 3 ou 4 professionnels (du graphisme à la fabrication et développement de produit). Ce sont donc 25 à 30 partenaires professionnels au total qui accompagnent les étudiants. Le jour J au Palais des Papes, 120 à 150 professionnels environ constituent le jury et évaluent les produits.
Cette manifestation contribue, entre autre, au rayonnement de l’école, quel est votre souhait pour l’édition 2019 ?
Qu’elle rencontre le même succès a minima que les éditions précédentes ! C’est une manifestation qui a toujours été appréciée des professionnels, nous avons toujours eu de bons retours.
Notre souhait est qu’elle corresponde aux attentes des professionnels sur les produits qu’ils vont découvrir et sur la cohérence de ces produits avec le marché. Sur la manifestation en elle-même, nous tenons à maintenir un même niveau de qualité et de satisfaction globale pour nos étudiants.
Le but est de proposer une vitrine des compétences et des aptitudes de nos étudiants pour les valoriser. Nous sommes toujours très surpris par ce qu’ils sont capables de réaliser ! C’est une manifestation magnifique, un vecteur de repérage : certains étudiants sont directement abordés et décrochent un stage, voire un emploi. C’est l’occasion pour eux de construire et enrichir leur réseau.